La Chapelle d’Haranbeltz
Je ne sais pas si vous êtes un assidu de l’Emission de FR3 « Des Racines et des Ailes » ?
Si oui, l’article suivant va avoir pour vous un air de déjà vu, dans le cas contraire, après l’avoir lu, nous vous aurons peut être donné envie d’aller faire un tour à Haranbeltz.
Planter sur le GR 65 qui mène à Compostelle, quelques kilomètres avant DONIBANE GARAZI, j’ose espérer que cela vous rappelle quelque chose, la chapelle de ce lieu est une merveille. La télé ne s’était pas trompée en suivant et en nous restituant pas à pas la renaissance de ce chef d’œuvre.
En ce qui nous concerne, nous avions d’autant plus apprécié la démarche que pour une fois, « Des Racines et des Ailes » ne mettait pas en scène une œuvre d’Art appartenant à monsieur le Comte Machin-Truc ou à la Princesse Bidule Chouette comme ils ont coutume de le faire. L’émission ne manque jamais d’intérêt mais la restauration d’anciens palais ou la renaissance de mirifiques jardins comme ceux de la Côte d’Azur, à la longue, ça lasse. On se sent moins concerné !
Revenons donc à nos moutons. La chapelle a 4 propriétaires, fâchés entre eux, 4 fermes se la partagent en indivision. Ces fermes sont tout ce qui reste d’un hameau qui a périclité au fil du temps.
Aussi loin que l’on puisse remonter dans le temps elle a toujours été dédiée à Saint Nicolas, celui qui en compagnie du Père Fouettard vient le 6 décembre apporter des macarons, comme le dit la chanson.
Saint Nicolas n’est pas le premier venu car sans lui il y a fort à parier qu’il n’y aurait pas eu de Père Noël !
Né en Turquie au début de l’ère Chrétienne, dans ce qui était alors l’Empire Romain d’Orient, élevé dans la foi chrétienne, Nicolas est mort persécuté par les Romains. Pour éviter que sa dépouille ne disparaisse, à l’arrivée des Turcs en Asie Mineure, au XI ème siècle, des marchands italiens la ramenèrent à Bari où il est toujours vénéré.
Petit à petit, ce culte s’est répandu dans toute l’Europe et notamment dans les Pays Nordiques où il est devenu « Santa Klaus ». Les peuples se déplaçant de plus en plus, des migrants importèrent avec eux leur tradition et c’est ainsi que Saint Nicolas fit son apparition aux USA. Toujours honoré le 6 décembre jusqu’en 1860, représenté en habits rouges, comme il convient pour un évêque, son image fut utilisée à des fins commerciales et petit à petit un amalgame se fit avec la fête chrétienne de Noël.
On doit cette récupération à une firme qui a tiré sa célébrité d’une boisson brun foncé aux relents sucrés ! Vous avez deviné ?
Le Père Noël était né !
Exit pour ainsi dire Saint Nicolas.
Mais revenons à la chapelle. Elle a presque retrouvé sa superbe d’antan et il est certain que l’association qui gère maintenant sa restauration arrivera à finaliser ses objectifs. La chapelle ne retrouvera pas l’hôpital qui la jouxtait ni le bâtiment qui accueillait les pèlerins mais pour ce qui est de l’édifice religieux, le nécessaire a été fait et bien fait. Jusqu’à l’abri du sonneur, accroché au clocher mur, qui a été refait avec du bois patiné à l’ancienne.
On pénètre aujourd’hui dans la chapelle par un porche couvert et dès le premier pas on est saisi par la beauté du retable qui rivalise avec le décor en trompe l’œil du plafond et des murs.
Déjà en place en 1059, la chapelle a failli disparaître à la Révolution, tout le mobilier, les objets de culte ayant été dispersés.
Ce qui frappe, outre sa richesse, c’est la modernité du décor, par les lignes mais aussi par les couleurs.
Avez-vous déjà vu une représentation de Marie telle qu’ici ?
Que dire de ce soleil qui côtoie la Lune, ou de la représentation presque stylisée de Dieu le Père encadrée par les 2 astres ?
Avant de vous laisser apprécier les quelques clichés qui suivent, j’aimerais préciser que la restauration a bien failli ne jamais commencer. Elle est aujourd’hui portée à bout de bras essentiellement par 2 des propriétaires des fermes du hameau. Alors qu’ils ne sont que 4 familles à vivre à Haranbeltz, 2 étaient hostiles au projet. Certes ils sont maintenant en association, les choses sont donc plus aisées mais c’est avant tout la passion qui les anime qui permet de collecter les fonds qui assureront la survie définitive de l’édifice. Autant dire que tout ce qui permet la promotion de la Chapelle est bienvenu : brochures, affichages, manifestations artistiques etc.
Le film réalisé par FR3 aurait pu lui aussi remplir cet office médiatique auprès des visiteurs. Je parle au conditionnel parce que ce film n’est pas à la disposition de l’Association qui restaure la chapelle qui n’a pu payer les 12000€ réclamés en échange par la chaîne de télévision !
Un comble quand même ! non ?
Do
Vierge à l'enfant
Soleil de la voûte céleste
Baptistère et décor en trompe l'oeil