LE BANQUET DES AFFAMÉS
Didier Daeninckx
(Paris, Gallimard, 2012)
Liberté, égalité, fraternité
C’est beau comme devise
Dommage que ce soit platonique.
De Maxime Lisbonne (1839-1905), en exergue :
« Je suis la somme de tous ceux dont j’ai, à distance, l’impression d’avoir endossé le costume. Je me reconnais en tous. ….. Je ne réclame de vous mes frères qu’une petite place derrière la première barricade que vous élèverez pour défendre la République, je ne réclame que la gloire de mourir en combattant pour elle. »
En disant « je », l’auteur se glisse dans la peau de Maxime Lisbonne, un homme haut en couleurs qui eut plusieurs vies et s’est battu dans chacune d’elle pour son idéal révolutionnaire.
Soldat, chair à canon durant la guerre de Crimée, en Algérie, en Syrie, figure de la Commune de Paris il est envoyé au bagne de Nouméa ; gracié après l’amnistie de 1880, ce proche compagnon de Louise Michel de retour à Paris devient comédien, directeur de théâtre, publie à compte d’auteur « l’Ami du peuple » journal révolutionnaire.
Entre 1887 et 1895 les cafés-concerts fleurissent. Lisbonne en dirige plusieurs successivement où se retrouvent artistes et écrivains. Il crée des « cabarets » sortes de soupes populaires « La taverne du bagne » dans le 18ème puis « La brasserie des frites révolutionnaires » boulevard de Clichy. De faillite en faillite, il finira sa vie à la Ferté Allais où il décède en 1905 après une vie d’honnête homme bien remplie.
Didier Daeninckx lui rend ici un bel hommage.
L’ANGE DU MATIN
(Morgunengill)
(Ed. Forlagid, 2010)
Arni THORARINSSON
(Ed. Métailié, Paris, 2012)
traduit de l’islandais par Eric Boury
Dans la série « polars venus du nord » on connaissait les suédois, voici un excellent cru, islandais*.
Plusieurs « affaires » se télescopent, le meurtre d’une jeune postière malentendante, l’enlèvement de la fille d’un de ces nouveaux vikings (ces hommes d’affaires véreux, banquiers ou traders qui ont fait fortune, puis ruiné l’Islande), un vieux rocker sur le retour, etc …
Ce livre est certes un polar avec tous ses attributs : un crime, un enlèvement, un flic attachant, dépassé et désabusé, mais c’est aussi une bouleversante peinture de la société islandais qui, il faut bien l’admettre, est peu connue en France. On est en 2010, la crise économique a ravagé le pays, l’Islande est en faillite. On y découvre les ravages sociaux, économiques et psychologiques de ce petit pays, où tout a volé en éclat, une société qui a perdu les valeurs qui faisaient son unité. Un polar politiquement incorrect !!
* Arni Thorarinsson a déjà écrit plusieurs livres tous publiés chez Métailié, celui-ci est son 4ème
Mi